NEWSLETTER du mois de Janvier 2012
La nouvelle année a été célébrée à Cancun, au Mexique, dans l’Etat du Quintana Roo avec un ami qui m’a rejoint durant une semaine afin de découvrir la péninsule du Yucatan.
Je devais alors quitter le Mexique pour me rendre au Belize mais l’attirance pour le Chiapas a été trop forte et j’ai finalement continué mon séjour mexicain pour m’immerger, un peu plus qu’à Cancun, dans ce pays à l’histoire et à la culture si riche.
Après avoir visité des hauts lieux de la culture maya (ruines de Palenque) en passant par des paysages extraordinaires en pleine jungle (chutes d’Agua Azul) je me suis finalement installé à San Cristobal, « el Pueblo Magico », capitale culturelle du Chiapas où j’ai pris une semaine de cours intensif d’espagnol. Mes cours ont été dispensés par 3 professeurs, tous adorables, avec qui j’ai pu aborder plusieurs thématiques m’amenant à mieux comprendre les différents aspects de la culture mexicaine.
Jorge, passionné d’histoire et de politique m’a enseigné, en espagnol bien sûr, l’histoire tumultueuse de San Cristobal où a eu lieu, le 1er janvier 1994, la révolution Zapatiste menée par le sous-commandant Marcos à la tête de l’EZLN (Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional). Ce groupe révolutionnaire politico-militaire s’est insurgé pour faire valoir le droit des populations indigènes comme de l’ensemble des minorités.
Ce mouvement, qui tire son nom et reprend des idées d’Emiliano Zapata, chef de la révolution mexicaine de 1911, à déclaré et mené une guerre de 12 jours contre le gouvernement mexicain pour revendiquer : travail, terre, logement, alimentation, santé, éducation, indépendance, liberté, démocratie, justice et paix. Un de leur slogan phare était « la Terre appartient à ceux qui la travaillent » afin de mettre fin aux énormes haciendas qui étaient gérées depuis Mexico et qui exploitaient les populations indigènes.
Le dialogue s’étend ensuite sur deux années et se conclut par la signature des accords de San Andrés qui doivent aboutir à une modification de la constitution. Jorge me confie que ces mesures ont considérablement amélioré le niveau de vie des populations locales par la construction de routes, la récupération des terres ainsi que l’amélioration des systèmes de santé et d’éducation.
La constitution n’est cependant pas modifiée et le Chiapas n’accède pas à l’autonomie revendiquée ; les zapatistes décident donc de s’organiser en municipalités autonomes (appelées caracol), indépendantes de celles gérées par le gouvernement Mexicain.
J’ai visité, durant une journée, le caracol d’Oventik où nous avons été reçu devant une assemblée de membres masculins cagoulés et de femmes portant le bandana traditionnel.
Les hommes et femmes du conseil nous présentent le fonctionnement du caracol, qui signifie littéralement « escargot » et qui souligne la dynamique en spirale instaurée dans ces communes puisque les élus formant le conseil siègent tour à tour, par rotation, suivant une période de quelques semaines. La pancarte, visible à l’entrée de la communauté souligne qu’ « ici, le peuple commande et le gouvernement obéit ».
Ces communes « autonomes » ont ainsi mis en place des lois particulières (non consommation de drogues et d’alcools, importantes mesures écologiques,…), disposent d’un système alternatif de justice, un système de santé et d’éducation gratuit et un système de police particulier.
Les zapatistes affirment aujourd’hui être une organisation non-violente dont l’objectif n’est pas de prendre le pouvoir et d’imposer par le haut sa vision de la société mais d’être des rebelles sociaux qui luttent pour une société plus juste. En cela, le mouvement zapatiste constitue une différence intéressante au castrisme ou guevarisme cubain où une révolution doit se faire en premier lieu par une prise de pouvoir étatique.
En dehors de ces aspects socio-politiques le Mexique est également un pays à l’histoire façonnée par d’importants séismes comme celui de 1985, encore dans toutes les mémoires, ayant causé plus de 7000 morts, 30000 blessés et des dégâts gigantesques.
Les séismes constituent de manière générale le risque naturel majeur au Mexique et sont relativement fréquents comme en témoigne le séisme de magnitude 6.2 que j’ai ressenti le 21/01/12 lors de ma visite du zoo de Tuxtla Gutierrez.
J’ai largement discuté de la question du risque sismique avec Gabriel, un autre de mes professeurs, qui m’indique que les états les plus affectés par les séismes (Guerrero, Oaxaca et Chiapas), tous situés le long de la côte Pacifique, sont aussi les états les plus pauvres du Mexique.
Il me confie également que « les Mexicains sont habitués à vivre des secousses et que généralement la population sait garder son calme ». Mon expérience dans le zoo ne me fait pas dire le contraire puisque les gens semblaient amusés alors que j’étais surpris de l’intensité des secousses.
J’ai été surpris également de constater que dans absolument tous les bâtiments recevant du public, jusqu’au plus minuscule, était placardé une pancarte rappelant les conduites à tenir en cas de séismes et d’incendies.
La protection civile mexicaine recommande ainsi de « garder son calme, d’éliminer les sources d’incendies, de s’écarter des fenêtres et des objets pouvant tomber, de ne pas utiliser les ascenseurs, de se placer dans une zone de sécurité (table ou encadrement de porte), et de repérer les voies d’évacuation ».
Mon séjour mexicain m’aura également permis de me mettre en contact avec Carlos Valdes, directeur du service sismologique à L’Universidad Nacional Autonoma de Mexico que j’aurais pu rencontrer si mon périple m’avait amené jusqu’à la capitale. Il m’a néanmoins transmis un bon nombre de ses publications et mis en contact avec Denis Legrand du département de géophysique, travaillant également pour l’Institut de Recherche pour le Développement au Mexique et grâce à qui j’ai pu en savoir plus sur l’étude et la surveillance des failles actives et des volcans actifs du Mexique.
Une équipe IRD, composée notamment de Jacques Sarrault et Jean-Luc Chatelain a mis au point une station sismique portative permettant d’évaluer la vulnérabilité d’un bâtiment après un séisme. La mesure repose sur l’enregistrement de vibrations ambiantes produites par l’activité humaine (usines, trafic) et naturelle (vent, houle). Cette méthode passive d’enregistrement, présentant des avantages de coûts et de simplicité d’acquisition permet d’étudier le comportement dynamique de bâtiments et d’évaluer leur vulnérabilité, leur vieillissement ou leur état après un séisme.
Après mon passage, bien plus long que prévu, au Mexique je me suis rendu au Guatemala dans l’espoir de pouvoir réaliser un reportage dans l’établissement de Guatemala City. Celui-ci n’ayant pas pu me recevoir à ces dates, je me suis rendu dans la magnifique région du lago d’Atitlan entouré par d’impressionnants volcans éteints.
L’IRD travaille également avec deux organismes guatémaltèques pour mettre en place un système de surveillance de volcans actifs. Je me suis mis à ce titre en relation avec un géologue et guide pour réaliser l’ascension du volcan actif Pacaya, situé près d’Antigua.
La semaine prochaine, je traverserai rapidement le Honduras pour me rendre au Nicaragua où je suis attendu au lycée français franco-nicaraguayen de Managua pour réaliser le prochain reportage de la série « La communauté éducative face aux risques naturels majeurs ».
Remerciements :
Mon premier remerciement est pour le CRDP d’Amiens qui permet la réalisation de ces reportages et de Dominique, mon collègue à distance, qui réalise le montage de mes vidéos brutes.
Un remerciement à l’ensemble de l’équipe informatique du CRDP pour avoir créé la page dédiée à cette mission :
http://crdp.ac-amiens.fr/edd/index.php/actions-pedagogie/la-communaute-educative-face-aux-risques
Les 3 premiers reportages (Portland, San Francisco et Papeete) sont désormais en ligne, le reportage à Cuba est en cours de montage.
Je remercie bien entendu l’équipe IRD-Mexique pour leurs réponses et l’ensemble des informations transmises.
Un remerciement particulier à l’institut Jovel de San Cristobal de las Casas et à ses professeurs qui, en plus de m’avoir permis d’améliorer mon espagnol, m’ont ouvert à la culture locale.
Un remerciement spécial à Nancy, d’une incroyable gentillesse, pour m’avoir hébergé à Cancun et à toute les personnes rencontrées au Mexique avec qui j’ai partagé de merveilleux moments (Velvet, Karen, Lyam, Sarah et Dario).
Un remerciement également à mes compagnons de route du Guatemala avec qui j’ai passé d’excellents moments (Sam, Lison et Duy) !
Je pense évidemment à ma famille, amis, anciens collègues et élèves qui me soutiennent indéfectiblement !!
Liens :
Reportages vidéos : http://crdp.ac-amiens.fr/edd/index.php/actions-pedagogie/la-communaute-educative-face-aux-risques
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